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Stratégie sans complexes
« Madame, je vous écris une longue lettre car je n’ai pas eu le temps de vous en faire une courte. »
Voltaire
« Quand j’étais patron salarié dans un groupe, j’ai toujours mieux réussi que les autres parce que j’étais plus rapide et plus déterminé dans la mise en œuvre. Maintenant que je suis patron propriétaire, que personne ne me dit dans quel sens je dois aller, je me rends compte que je commets des erreurs. Je me dis après coup que je ne réfléchis pas très bien. Et je ne réussis pas mieux que je réfléchis »
Confession entendue, admirable de modestie. Mais l’aveu était – hélas – lucide, d’autant plus lucide qu’il avait coûté cher, que celui qui l’énonçait avait payé pour apprendre ce qu’il disait. L’excellence dans l’action n’est pas un gage de succès si cette action s’engage dans une mauvaise direction.
L’idée que la stratégie existe part de ce constat : agir et penser l’action sont deux moments différents. Et indispensables.
Les hommes d’action paient parfois cher pour apprendre le temps de la réflexion. Encore faut-il savoir comment ce temps de la stratégie peut laisser son sillon dans la réalité. Ce qui suppose d’inscrire cette pensée dans une méthode générique.
Ainsi nous pourrions d’ores et déjà définir la stratégie : c’est le domaine où le droit à l’erreur coûte cher. Ceci définit aussi son champ : est stratégique tout ce qui coûtera cher en cas d’erreur.
Quelle stratégie ?, me demande-t-on souvent. Comment peut-on s’occuper de la stratégie dans des domaines et des marchés que l’on ne connaît pas bien ? Peut-on sérieusement s’occuper de négoce de matériaux de construction le matin et de start-up l’après-midi ? Est-il raisonnable d’avoir un pied dans le mortier et l’autre dans le silicium ?
Ces questions ramènent la stratégie du côté de la connaissance des marchés plutôt que d’une méthode générique et générale. On ne pourrait pas raisonner en stratégie, il faudrait plutôt connaître son environnement. […]
