Quatre stratèges dans la Seconde Guerre mondiale

 

 

Quatre stratèges dans la Seconde Guerre mondiale

 

 

Churchill disait : « Je ne crois aux statistiques que quand je les ai maquillées moi-même. » Ce qui nous indique que si on veut comprendre l’essence de l’histoire, il faut aller au-delà des apparences et des récits. Ce livre qui est derrière moi Quatre stratèges dans la Seconde Guerre mondiale, considère la Seconde Guerre mondiale comme une partie d’échecs entre quatre personnages : Churchill, bien sûr, Hitler, Staline et Roosevelt et douze coups, douze moments-clés, Pearl Harbor, Stalingrad, et de regarder comment ces quatre personnages ont regardé le jeu. Quels coups ils ont voulu faire ? Comment ils ont joué leur partie et finalement qui a gagné la partie ? On peut dire du point de vue stratégique que le meilleur joueur, le vainqueur, c’est quand même Staline qui est parti avec la nappe si je puis dire.

Alors ceci permet de comprendre quelques points essentiels ou de décrypter quelques points essentiels sur la stratégie. Par exemple le débat entre réalisme et idéalisme. Mon hypothèse, c’est que l’inverse de la stratégie, c’est l’idéologie. Et donc la stratégie s’ancre dans la réalité. De ce point de vue-là, c’est peut-être un peu la faiblesse de Roosevelt qui transparaît du point de vue de la stratégie – même si c’était un prodige de la politique par ailleurs – qui est que parfois il était plus la proie de ses idées ou de ses imaginations que d’une analyse stricte de la réalité.

Autre débat qui lui remonte à l’Antiquité : est-ce que les stratégies les plus efficaces sont les stratégies directes ou les stratégies indirectes comme la campagne en Afrique du Nord et en Italie ? Le Débarquement par exemple réussit parce qu’il est un habile mixte d’une stratégie à la fois directe et indirecte. Ils n’ont quand même pas débarqué dans le Pas-de-Calais et il n’est pas sûr que ça se serait aussi bien passé dans le Pas-de-Calais. Donc il y a bien eu là un débat entre stratèges directs – les Américains – et stratèges indirects – plutôt les Anglais. Staline étant lui plutôt un stratège direct.

Voilà, donc ça, c’est le débat. Et puis ça va illustrer au fond quelles sont les qualités des grands stratèges. L’intelligence stratégique ? Oui, ça c’est une banalité de dire que l’intelligence stratégique soit la composante de la stratégie, ça va de soi. Mais derrière il y a d’autres débats qui apparaissent sur le courage. Est-ce que le courage est une qualité pour le stratège ou est-ce que au contraire ça peut l’entraîner vers des intrépidités dangereuses ? La créativité ? Par exemple Churchill est un personnage étonnamment créatif. Hitler d’ailleurs au début de la guerre est aussi un personnage créatif. Après il l’est moins, il est un peu la proie de son idéologie.

Donc à travers ces douze études de cas où quatre joueurs se penchent sur l’échiquier du monde, eh bien effectivement on peut décrypter les grandes lois de la stratégie. Ce qui évidemment ne doit pas nous extraire complètement du drame humain absolu, des soixante-deux millions de morts, des vies détruites, des civilisations blessées, etc. qui sont aussi – hélas – les aspects de cette guerre. Mais elle a en arrière-fond stratégique.

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