Comment augmenter le chômage
Ce titre un peu provocateur, mais ils s’agit d’un pamphlet, contient quelque chose de contre intuitif parce qu’on a tendance à croire, à nous faire croire, que s’il y a un chômage important, par exemple en France, c’est parce qu’on ne sait pas comment il faudrait faire. Et le postulat de base de mon livre, c’est de dire : non, ce n’est pas parce qu’on ne sait pas. Il n’est pas vraisemblable de dire qu’on ne sait pas comment faire pour baisser le chômage. Ce n’est pas plus vraisemblable que si on disait : on ne sait pas comment faire des éclairs au chocolat. Si on ne sait pas comment faire des éclairs au chocolat, il n’y a qu’à demander au pâtissier qui en font comment ils s’y prennent : la recette. Or depuis quarante ans, il y a beaucoup de pays qui ont essayé beaucoup de choses pour baisser le chômage et il y a des solutions qui ont réussi et des solutions qui ont échoué. Donc il suffit de regarder comment ont fait les Allemands, les Suédois, les Canadiens. Et donc on pourrait s’inspirer de ces solutions.
Alors évidemment, ça pose une deuxième question : mais alors si c’est si simple, pourquoi les hommes politiques qui disent vouloir baisser les chômage, s’ils savent comment il faut faire, pourquoi ils ne le font-ils pas ? Effectivement, c’est une bonne question qu’on pourrait leur poser, mais on peut imaginer que les hommes politiques jouent sur un échiquier où ce qu’ils cherchent à optimiser, c’est quand même leur chance d’être élus et réélus. Et sans doute beaucoup pensent que si ils faisaient une réelle politique de baisse du chômage, ils risqueraient de perdre les élections, comme c’est arrivé à Gerhard Schröder en 2005. Ou comme l’a dit Jean-Claude Juncker : « On sait très bien ce qu’il faudrait faire pour baisser le chômage, la seule chose qu’on ne sait pas, c’est comment se faire réélire après. » Donc la politique, c’est aussi un autre jeu.
Alors vous me direz, si c’est si simple, mais quelles sont donc ces pistes ? Eh bien il y a des pistes assez connues, étudiées, sur la législation du travail, sur le temps de travail, sur le coût du travail. Les impacts de ces différents éléments sur le travail et donc le taux de chômage sont à peu près connus. Donc ce n’est pas un sujet idéologique, c’est presque un sujet expérimental. C’est le thème du livre.
Alors ce thème, il est traité sur un ton un peu ironique ou humoristique, pamphlétaire, ce qui peut paraître bizarre parce que derrière le chômage il y a un drame, il y a de la souffrance, et en général la souffrance ne doit pas prêter à rire. Là j’aime bien travailler à la dynamite mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ce n’est pas les chômeurs dont je me moque. C’est justement que je voudrais essayer de leur rendre service et d’alléger cette souffrance. Et donc c’est plutôt contre ceux qui nous donnent de fausses évidences que j’ai tendance à utiliser mon mauvais fond qui en l’occurrence est un peu remonté à la surface.