Les places de marché
Bonjour les stratèges et les autres. Alors il se passe un phénomène nouveau dans la vente, dans le commerce : l’émergence des grandes places de marché comme amazon et Tata qui sont en train de manger la laine sur le dos de la distribution et des chaînes, les retails de distribution. Alors qu’est-ce qui se passe, qu’est-ce que ça veut dire ? À vrai dire, ce n’est pas la première fois que le commerce se concentre et concentre l’industrie. C’est arrivé dans les années soixante – soixante-dix avec la grande distribution qui a fait jouer les effets d’échelle sur les achats et qui a pu concentrer la distribution et même par contrecoup concentrer une partie de l’industrie.
Alors finalement, amazon, Tata, qu’est-ce qu’ils font de plus ? Qu’est-ce qu’ils font de mieux que ces chaînes, Carrefour etc. ? Eh bien ce qu’ils font de plus, ce qu’ils font de mieux, c’est qu’ils valorisent, ils monétisent une audience. C’est-à-dire vous avez été chez amazon au départ pour acheter des livres et maintenant, comme on sait que vous allez chez amazon eh bien on peut vendre n’importe quoi sur amazon. Et donc ils sont devenus des places de marché avec un double effet d’échelle. L’effet d’échelle traditionnel sur les achats et l’effet d’échelle sur l’acquisition d’audience qui est quelque chose de très compliqué et de très cher sur Internet. Donc double effet d’échelle, donc reconcentration encore plus massive de la distribution. En fait, la concentration de la distribution était un peu contrebattue dans les années quatre-vingt – quatre-vingt-dix par l’émergence des marques. On a surtout vu ça dans le textile, des grandes marques comme Zara, etc. qui étaient à la fois des concepteurs voire producteurs – enfin ils achetaient en tout cas – donc là ils avaient un effet d’échelle, et des distributeurs. Et ce qui unifiait la chaîne de valeur, le produit et le retail, c’était un même univers de marque, un même concept de marque. Et donc ils ont mis un peu en échec cette idée que la distribution était un métier complètement différent de l’industrie en faisant des chaînes de valeurs plus intégrées.
Eh bien nous assistons à nouveau à mon avis me semble-t-il à une nouvelle cassure, peut-être plus importante d’ailleurs que celle des années soixante-dix, une nouvelle cassure dans les chaînes de valeur où ces grands distributeurs vont devenir extrêmement puissants. Il faudra jouer avec eux et donc bien savoir sur quel stade de valeur ajoutée on va se concentrer. Est-ce que je suis un concepteur – producteur qui distribue par cette distribution ? Ou est-ce que je suis uniquement un distributeur ? Mais les concepts mixtes, me semble-t-il, vont entrer dans une zone de difficultés.