L’écoute positive
Écoute positive des idées des autres. Alors je voudrais sur les autres vous signaler deux choses. D’abord, les autres ont un énorme défaut, c’est qu’ils sont différents de moi. C’est vrai. Vous avez remarqué. Et puis c’est un défaut dans lequel ils ont l’air de persister, de patauger avec une frénésie, c’est incroyable. C’est vraiment pénible. Voilà. Donc il faut sortir de cet état d’esprit. C’est parce que les autres sont différents de moi qu’ils sont une richesse. Si je sais écouter cette différence. Mais ce n’est pas forcément évident. Ce n’est pas toujours simple.
Donc les autres sont différents de moi. Je voudrais vous dire une deuxième chose sur les autres, c’est que quand même : les gens qui sont de mon avis sont quand même beaucoup plus brillants que les autres. Vous avez remarqué. Quand je rencontre quelqu’un qui est de mon avis, je me dis : « P… ce mec, qu’est-ce qu’il est doué ! » Mais alors les gens qui ne sont pas de mon avis sont quand même pas très doués. Oui, vous voyez ? Là aussi, il faut sortir de cela.
Moi je fais beaucoup d’interventions en stratégie devant des chefs d’entreprise, des dirigeants de PME. Vous voyez, c’est des gens qui sont dans leur boîte un peu l’oracle, quoi. Ils savent. Et c’est très frappant évidemment parce quand je fais des interventions en stratégie, je titille leurs croyances. Et parfois je fais un peu plus que les titiller. Je peux les bousculer. L’autre jour, j’ai choqué un chef d’entreprise parce qu’il me dit : « Ah la stratégie, c’est d’origine militaire. Donc il faut fixer les objectifs et puis mettre les moyens. » Je lui dis : « Certes la stratégie est d’origine militaire, mais vous voyez, pour les entreprises il y a d’autres choses à dire. » Mais le gars, il ne pouvait pas. C’est très frappant parce que je repère assez vite : il y a des gens qui jubilent dans ce parcours où ils s’ouvrent à d’autres représentations de la stratégie. Et puis, de temps en temps, je sens bien que ça bloque.
Ce n’est pas une sensation agréable quand vous écoutez quelqu’un qui vous amène des points de vue, des arguments qui sont opposés aux vôtres. Parce que même si c’est judicieux, pour les adopter ou les adopter en partie, il faut bousculer un peu ses représentations. Donc c’est quand même plus confortable de dire : bon c’est un connard, il ne comprend rien, il a tort et on passe à autre chose. Mais en soi, faire bouger toutes ces représentations mentales, c’est un processus qui n’est pas très facile. Et puis alors avec l’âge, maintenant j’ai cinquante-neuf ans, donc je suis définitivement dans la catégorie vieux con, donc ça ne me concerne plus. Mais quand même…