Le principe de disponibilité
Bonjour les stratèges et les autres. Alors je me suis mis en tête aujourd’hui de vous parler d’un sujet qui peut paraître au premier abord un peu technique, un sujet de stratégie financière, mais néanmoins fondamental. Il s’agit de ce que l’on appelle le principe de disponibilité, parfois aussi appelé le principe de rentabilité. Et je m’appuie sur cet excellent, excellent livre sur le principe de sécurité ou de disponibilité. Voilà ce qu’il dit tout simplement : « La durée de disposition des fonds doit être supérieure au délai de récupération des fonds. » Dit comme ça, ça a l’air un peu théorique ou compliqué mais en voici l’essence et beaucoup d’entreprises ont chuté ou chu faute de l’avoir bien compris.
La disponibilité des fonds, c’est effectivement les fonds avec lesquels je finance l’entreprise : les capitaux propres ou les dettes financières. Eh bien ils ont une durée de disponibilité. Alors les capitaux propres ont une durée de disponibilité infinie puisque les capitaux propres, c’est une dette non remboursable. Il est arrivé qu’une ville investie se rende mais le capital investi, lui, ne se rend jamais. Tandis que les dettes financières ont une durée déterminée. C’est du court, du moyen ou du long terme.
Eh bien le principe de disponibilité ou de sécurité vaut surtout par son corollaire. Et quel est ce corollaire très important ? Il nous dit : « Les capitaux propres financent les paris sur l’avenir et les dettes financières financent les avances sur recette. » Si vous créez une entreprise dont les recettes sont à peu près assurées, je ne sais pas par exemple un supermarché, on sait à peu près le chiffre d’affaires qu’il va faire. Ce n’est pas gênant de le financer par des dettes. Parce que vous connaissez le délai de récupération des fonds, donc vous savez que vous pourrez rembourser vos dettes à l’échéance. Tandis que si vous financez une entreprise, une start-up, vous ne savez pas quand elle va réussir, quand vous récupérerez de l’argent, quand vous ferez des profits. Eh bien il faut disposer des fonds à plus long terme, c’est-à-dire financés par des capitaux propres.
Ceci a l’air tout bête, tout simple. Mais dans l’histoire récente, des grandes entreprises ont fait des grandes pertes – colossales même parfois – faute d’avoir oublié (respecté) ce précepte. Reprenons l’histoire par exemple de Vivendi ex Générale des Eaux. Effectivement, quand je vends de l’eau, les recettes sont assez assurées. Donc j’ai un délai de récupération des fonds assez bien connu. Donc je peux financer ce développement par des dettes, c’est assez logique. Quand une entreprise qui vend de l’eau se met à acheter des entreprises dans la communication, le cinéma, la télévision, etc. alors là on est dans l’ordre de l’extrêmement variable et il vaudrait mieux le faire avec des capitaux propres qu’avec des dettes. Car si vous avez un retournement de conjoncture et donc pas de récupération des fonds au moment où vous devez rembourser vos dettes, eh bien vous vous mettez en faillite avec des activités pourtant qui sont saines et destinées à être rentables.
Principe de sécurité, principe de disponibilité des fonds à ne pas oublier. Voilà, les stratèges et les autres, ce que j’avais envie de vous dire aujourd’hui dans une tenue semi estivale.
