Décider ou ne pas décider ?
Le vrai problème posé par la décision – et au-delà, par l’action – n’est pas la mise en œuvre d’un outil, mais la posture de celui qui en use. De ce fait, personne ne saurait se contenter des outils d’aide à la décision, simples modèles dont la validité ou l’inutilité ne sont déterminées, en dernier ressort, que par la personnalité du décideur qui les met en œuvre.
Notre vie est une suite de décisions ou de non-décisions. Comme ne pas décider est encore une décision, on peut simplifier. Notre vie est une suite de décisions.
Parce que le cinéma de nos vies se fait dans nos têtes, parce que » le monde est ma représentation » (Schopenhauer), le monde dans lequel nous vivons n’est pas constitué de matière mais d’événements. Nos décisions marquent notre volonté dans cette trame d’événements, nos coups sur l’échiquier du monde. Le monde est aussi ma volonté. La vie est un rapport continu avec la décision. En ce sens non matérialiste de la vie, rien n’importe davantage que de comprendre ce qu’il en est de nos décisions et de la décision.
Comme à son habitude, Bruno Jarrosson démontre la faible portée des recettes pour poser les questions plus profondes de l’être et de la relation aux autres. Pour ce faire, il puise dans la philosophie, la littérature, l’histoire contemporaine et celle des sciences, les exemples et les concepts qui rendent sa démonstration éclatante de justesse et passionnante à lire.
Ce livre permet également à l’auteur d’aborder un point essentiel de nos vies privées et professionnelles : l’opposition entre la pensée et l’action, et le prestige dont jouit cette dernière dans l’entreprise. Or, dit-il, opposer théorie et pratique est un leurre.