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Décider ou ne pas décider ?
» Dans un monde qui bouge, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement. «
Francis Blanche
Une certaine idée du management est morte le 22 avril 1992 à 14 heures 32. À cet instant précis le docteur Garretta fut sommé par le tribunal d’expliquer ses décisions dans l’affaire du sang contaminé. Sa défense fut en substance la suivante : » Avant d’être un médecin, j’étais un manager. J’avais des objectifs que j’ai atteints, ce pourquoi j’ai d’ailleurs été décoré. » Dès lors, la décision issue de l’univers du management heurtait frontalement le siècle. L’affaire du sang contaminé est un scandale par la somme de souffrances qu’elle produit et que l’on aurait pu éviter. Elle est aussi un scandale parce que le principal accusé n’a fait qu’appliquer les règles de management qu’il lui appartenait d’appliquer. Il fallait condamner Garretta, bouc émissaire portant sur ses épaules les péchés de la décision plutôt que de condamner les processus de décision. Le management n’est-il pas séropositif depuis le 22 avril 1992 ?
La littérature sur la décision parle de calcul, de prise d’information, mais ne traite généralement pas de décision au sens où nous l’entendrons ici. Ainsi qu’il sera montré dans ce livre, cette littérature s’attache à ne pas parler de décision. Il conviendra de rendre compte de cet étrange vide au cœur du sujet. Pourquoi la décision est-elle niée ou ignorée avec un tel soin ? Voilà ce qu’il faudra comprendre. […]
Notre vie est une suite de décisions ou de non-décisions. Comme ne pas décider est encore une décision, on peut simplifier : notre vie est une suite de décisions. La décision et le temps constituent deux disciplines de synthèse de la gestion de notre vie. Traiter de l’une, c’est traiter implicitement des deux autres.
Parce que le cinéma de nos vies se fait dans nos têtes, parce que » le monde est ma représentation » (Schopenhauer), le monde dans lequel nous vivons n’est pas constitué de matière mais d’événements. […]