Chrétien au travail
Comment peut-on être chrétien au travail ?
Beaucoup de Chrétiens vivent leur insertion dans l’univers économique de façon schizophrène, comme un compromis inévitable mais douloureux à passer avec le mal. Certains se sentent tiraillés entre les exigences du profit et l’indispensable sens de l’humain, d’autres entre les intérêts privés et les principes de la morale sociale de l’Eglise… Rapport à la justice et à la charité, égalité et relation aux personnes, violence au travail et ce qu’elle révèle, dimension du temps… Comment trouver une unité de vie dans ce cadre ? Affronter les situations délicates ? Sans adopter une vision culpabilisatrice de la foi ni voir dans l’économie un mal nécessaire, et à travers quelques incursions plus philosophiques, Bruno Jarrosson revient sur cette question de l’incarnation de la dimension spirituelle et chrétienne dans l’activité la plus profane qui soit, notre travail quotidien.
Le monde étant complexe, il est rarement blanc ou noir. Même s’il est relativement facile de différencier le bien et le mal en théorie, de savoir que la gentillesse est meilleure que la méchanceté, le respect que le mépris, etc., il est plus difficile de le discerner en situation. Car les situations sont en général grises, en particulier dans l’univers du travail. Le plat vous est servi avec du blanc et du noir. Comment séparer ce que la vie unit ?
C’est pourquoi ce livre ne contient pas de cours de morale. Il ne s’agit pas de défier Kant et ses successeurs sur leur terrain, de donner le manuel du bien et du mal appliqué à toute situation, d’être savant et prescriptif.
Il s’agit seulement de la vie comme elle vient. Comme elle vient bien sûr mais aussi comme elle se tend. C’est une joie pour moi d’être chrétien – d’abord une joie – mais une joie inconstante, qui n’exclut pas la tristesse. C’est aussi une tension pour extraire de la grisaille quotidienne la joie, la charité, l’amour. Tel l’orpailleur avec son tamis.