16 juin 1940
À La Manufacture des Abbesses du 4 septembre au 26 octobre 2016.
Comment Pétain a pris le pouvoir et perdu la France.
La scène se passe le 16 juin 1940 à la préfecture de Bordeaux.
Personnages :
- Albert Lebrun : président de la République, 68 ans
- Georges Mandel : ministre de l’Intérieur, 55 ans
- Paul Reynaud : président du Conseil, 61 ans
- Philippe Pétain : vice-président du Conseil, 84 ans
La pièce
16 juin 1940, l’armée française est défaite. Le gouvernement et le président de la République se retrouvent à la préfecture de Bordeaux. Deux camps s’affrontent : ceux qui veulent continuer la guerre à partir de l’Afrique du Nord (Reynaud, Mandel) et celui (Pétain) qui entend demander immédiatement l’armistice à l’ennemi.
Tout conduirait le président de la République à choisir la voie et la voix de l’honneur si la ruse, l’intrigue, les techniques de négociation ne venaient entrecroiser leurs effets sur le changement. Dans l’antichambre de la salle du Conseil des Ministres, nous assistons à la façon dont la France s’est engagée, en quelques heures, sur le chemin du déshonneur et de l’infortune. En un dialogue déconcertant qui oscille entre le léger et le grave, le drôle et le tragique, quatre personnages s’affrontent, jouant le sort du pays et leurs destins propres tels des somnambules inconscients de leurs destination.
Du tragique au comique la fable du pouvoir se perd sans des manipulations et des intrigues.
Quatre hommes confrontés à un changement majeur réagissent en fonction de leurs propres convictions sur le changement, chacun croyant faire le bien, voulant sauver la France. Cette journée des dupes a enfoncé la France dans le plus grand déshonneur de son histoire – la collaboration – et le pire scénario qui pouvait s’écrire sur un désastre militaire.
Extrait
« Philippe PÉTAIN
Et où est-il, votre de Gaulle, pendant que l’armée se fait massacrer ? On ramasse des morts partout tandis que le général de Gaulle fait de la politique.
Albert LEBRUN
Eh bien, il est à Londres, avec Churchill. Il rentrera ce soir, j’imagine.
Philippe PÉTAIN
Il se prend pour Jeanne d’Arc, mais vous n’êtes pas Charles VII.
Albert LEBRUN
C’est possible.
Philippe PÉTAIN
Non, c’est certain.
Albert LEBRUN
Il est bien possible que ce soit certain.
Philippe PÉTAIN
Quoi qu’il en soit, Jeanne d’Arc a été brûlée. Et par les Anglais justement.
Albert LEBRUN
En effet, elle s’est éteinte deux heures après sa mort… À ce propos, vous avez entendu Churchill il y a trois jours. L’Angleterre continuera la lutte quoi qu’il arrive, comme Louis XIV quand l’Europe a envahi la France. »