16 juin 1940 à la préfecture de Bordeaux.
Dans une situation dramatique, Philippe Pétain, vice-président du Conseil, veut l’armistice face à Paul Reynaud et Georges Mandel qui n’en veulent pas. Une manipulation habile fait basculer la France et donne à l’histoire un aiguillage décisif.
Un salon de la préfecture de Bordeaux, une table, des chaises, des papiers sur la table, deux téléphones. Albert Lebrun est seul, il tourne en rond. Georges Mandel entre en coup de vent.
Scène 1 : Albert Lebrun, Georges Mandel
Georges MANDEL
Pétain veut l’armistice.
Albert LEBRUN
Hein ?
Georges MANDEL
Pétain veut l’armistice. Il met dans la balance son prestige, ses étoiles et son bâton de maréchal.
Albert LEBRUN
C’est le retour de bâton.
Georges MANDEL
Et il a des soutiens. Weygand aussi veut l’armistice. Le général en chef ! Que dites-vous de cela ?
Albert LEBRUN
Eh bien…
Georges MANDEL
C’est exactement cela. Weygand ne veut plus combattre l’ennemi et combat le gouvernement. Vous trouvez ça normal ?
Albert LEBRUN
Eh bien…
Georges MANDEL
C’est exactement cela.
Albert LEBRUN
Vous êtes peut-être trop brutal.
Georges MANDEL
Toujours loyal, parfois brutal.
Albert LEBRUN
Ou l’inverse, toujours brutal, parfois loyal. … Enfin je dis ça… je dis rien. Mais je le dis quand même.
Georges MANDEL
Et vous, vous voulez l’armistice ?
Albert LEBRUN
Moi je veux l’armistice ?
Georges MANDEL
C’est une question.
Albert LEBRUN
Une question ?
Georges MANDEL
Les Allemands sont entrés dans Paris il y a deux jours. Ils défilent sur les Champs-Élysées. Nous sommes enfin rendus à Bordeaux ce 16 juin 1940, nos armées sont cul par-dessus tête, les Français se font mitrailler par l’aviation ennemie… Les Allemands et les emmerdements arrivent en escadrilles… Ils occupent la moitié de la France.
Albert LEBRUN
Qui « ils » ?
Georges MANDEL
Les Allemands et les emmerdements. Il n’y a plus d’armée ni de gouvernement, l’ennemi sera ici dans quelques jours. […]